Guanajuato

Descendu des collines d’où l’horizon flamboie
J’errais avec langueur dans la foule mexicaine,
Enivré de soleil qui se posait sur moi
Tel le regard lointain d’une femme incertaine.

La ville tout entière se tenait de guingois
Me murmurait tout bas des légendes anciennes,
Celles d’un hidalgo ; elle me menait tout droit
Vers un square arboré, au sein, une fontaine.

Du voyage lassé je cherchais le repos,
Me baignais dans les mots d’un livre dont l’auteur
Adoucissait le sort d’un exil intérieur.

Car j’avais fui l’Europe qui manquait de couleur,
Dans l’espoir de trouver – je sais, c’était idiot !
En plein cœur de l’hiver un amandier en fleurs.

Le lac

Quelque part il y a un lac
Niché au cœur d’un bois
Deux cygnes s’y déploient
Sans craindre le moindre ressac

Sous la frondaison des arbres
D’or mêlé d’amarante
Glissent sur l’onde lente
Ce couple ailé de marbre

C’est en cet endroit que j’aime
Parfois me réfugier
A l’intérieur de moi-même
Sans aucun invité

Je rêve de m’y installer
Y écrire un roman
Pourquoi pas bâtir un chalet
Laisser passer le temps

Je serai loin du monde
Bercé seulement par le vent
Le chant de la colombe
Et les reflets sur l’eau changeants

Nul ne pourra m’y retrouver
Personne d’autre que toi
Car c’est vain tout cela
Sans la violence de tes baisers

À sa fenêtre

Ce n’était qu’un sourire vu à sa fenêtre
D’une jeune fille qui songeait peut-être
Le visage au soleil et les pieds sur le toit
Qu’il était bon simplement de demeurer là

Et pourtant ce sourire, ce visage, cette joie
M’ont fait revenir à cet endroit plusieurs fois
Dans l’espoir, toujours vain, de pouvoir recroiser
Le regard de la belle, la jeune fille au thé

En effet elle tenait entre ses deux mains jointes
Un soleil plus petit, comme une figure peinte
Par Renoir ou Manet, un jour bien inspiré

Si jamais je devais retrouver l’inconnue
Il est fort probable que je serais déçu
Tellement il est vrai que j’en aime l’idée